citations éparses 1

Rappel du premier message :

"Marcheur, ce sont tes traces ce chemin, et rien de plus ; marcheur, il n'y a pas de chemin, le chemin se construit en marchant. En marchant se construit le chemin, et en regardant en arrière on voit la sente que jamais, on ne foulera à nouveau. Marcheur, il n'y a pas de chemin, seulement des sillages sur la mer. "

Antonio Machado - poète espagnol - Séville 1875 Collioure 1939.
Il écrivit un poème évoquant l'exécution de Federico Garcia Lorca (El crimen fue en Granada). Refusant le faschisme de Franco, devant l'invasion des nationalistes, Antonio fuir sa province avec sa mère, Ana Ruiz, et deux de ses frères, Joaquim et José. À la défaite de la République ils durent fuirent vers la France. A Collioure, à quelques kilomètres de la frontière, épuisé, Antonio Machado y mourut le 22 février 1939, trois jours avant sa mère

Voir sur https://citations.ouest-france.fr/citation-antonio-machado/marcheur-sont-tes-traces-chemin-105278.html

Être sur la ligne de départ du Paris-Colmar, c'est entamer un débat permanent entre la route, ses équipiers et soi-même.

La douleur est une information.
Jean CECILLON

Il pleut sur la route
Dans la nuit j'écoute
Le cœur en déroute
Le bruit de tes pas

Chanson "Il pleut sur la route" interprétée en 1935 par Tino Rossi

il pleut sur la route, nous l'avons vécu
dans la nuit j'écoute, nous l'avons vécu
le cœur en déroute, nous l'avons vécu
le bruit de tes pas, nous l'avons vécu

1935 10e Paris-Strasbourg 19-23 juin 1935, 524km

1 Ernest ROMENS FRA SCHILTIGHEIM 71h53mn 7,290 km/h
2 Marceau ROGER FRA HENIN LIETARD 75h47mn 6,914 km/h
3 Joseph ZAMI FRA COULOMMIERS 77h33mn 6,757 km/h
4 Charles DUJARDIN FRA ST OUEN 79h17mn 6,609 km/h
5 Alfred STZEINMETZ FRA HAUTMONT 79h39mn 6,579 km/h
6 Nicolas DENNER FRA LOUVIER 79h45mn 6,571 km/h
7 Georges DUNKEL FRA LUNEVILLE 80h43mn 6,492 km/h
8 Florimond CORNET FRA BRUAY EN ARTOIS 82h10mn 6,377 km/h
9 Henri HENNEQUIN FRA ST DIZIER 84h17mn 6,217 km/h
10 Constant VAN HAMME BEL ANVERS 84h49mn 6,178 km/h
11 Clément PONTHIER FRA PARIS 89h27mn 5,858 km/h
12 Raymond QUESNOT FRA ELBOEUF 91h04mn 5,754 km/h
13 Maurice MORET FRA ST DIZIER 93h30mn 5,604 km/h
14 Henri HOUDELETTE FRA BRUAY EN ARTOIS 93h36mn 5,598 km/h
15 Gustave DERUELLE FRA DENAIN 93h47mn 5,587 km/h
16 Paul RENARD FRA LUNEVILLE 94h15mn 5,560 km/h
17 Emile LESTERLIN FRA LE HAVRE 95h28mn 5,489 km/h
18 Maurice SARRASIN FRA CHâLONS SUR MARNE 96h32mn 5,428 km/h
19 Nicolas ARKIPOFF URSS COULOMMIERS 96h32mn 5,428 km/h
20 Albert PERROUD FRA BEAUCORT 96h33mn 5,427 km/h
21 Alphonse COLASSE FRA MONTREUIL 96h58mn 5,404 km/h
22 Albert SEIBERT FRA NANCY 97h30mn 5,374 km/h
23 HAUSSMANN FRA NANCY 100h54mn 5,193 km/h
24 Jean BENNINGER FRA PARIS 102h04mn 5,134 km/h
25 CROISILLE FRA MOREZ 103h08mn 5,081 km/h
26 Jules THIBAULT BEL NANCY 103h23mn 5,069 km/h
27 Jacques CHALUMEAU FRA PANTIN 103h55mn 5,043 km/h
28 Léopold BOUCHINDHOMME FRA BRUAY EN ARTOIS 103h55mn 5,043 km/h
29 ROBBEZ FRA MOREZ 104h12mn 5,029 km/h

Les hommes, au fond, ça n'a pas été fait pour s'engraisser à l'auge, mais ça a été fait pour maigrir dans les chemins...s'en aller dans sa curiosité, connaître. C'est ça, connaître.
tiré de "Que ma joie demeure" de Jean GIONO 1935

" sitôt qu'il fit jour, ayant rempli une gourde, fourré dans un de nos sacs un morceau de pain avec une tranche de viande, nous prîmes la clef des champs et sans guide ni renseignements quelconques ( c'est là la bonne façon), nous nous mîmes à marcher, décidés à aller n'importe où pourvu que ce soit loin, et à rentrer n'importe quand, pourvu que ce fut tard".
Gutave FLAUBERT - "Par les champs et par les grèves"

pour nous, aller loin n'était pas n'importe où, nous, c'était Colmar...

Ils semblaient enchaîner les pas d'une danse enlevée, marchant très vite, comme s'ils étaient pressés...
Alice FERNEY La conversation amoureuse

Ceux qui n'aiment pas utilisent toujours des mots basiques, alors que les personnes qui aiment font toujours un effort pour ajouter une petite musique dans leurs propos.
Philip PLISSON peintre photographe de la Marine (La Royale)   

c'est un peu notre sport, malgré la fatigue accumulée ou une douleur lancinante, nous faisons l'effort d'ajouter un sourire de plaisir ou un clin d’œil dès que nous apercevons un spectateur, un enfant; leur donner la meilleure image de nous même et de notre sport afin qu'ils en conservent un beau souvenir.

Le Colmar et ses plus de 500 bornes éveillait des désirs incontrôlables, presque inexplicables, c'est pour cela que l'on voulait y retourner chaque année pour au moins arriver.

L'endurance, la cohésion, la patience, l'abnégation qui fait recevoir la pluie à torrents, marcher dans la neige, ne s'obtient que par un long enseignement préalable, une discipline constante du cœur et des muscles...
Paul & Victor  MARGUERITE ( la guerre de 1870-1871)

C'est la force de l'esprit qui nous fait réaliser ce que d'autres prennent pour impossible.
X...

Malgré sa lassitude, il marchait toujours aussi droit qu'un cierge, au premier rang de la colonne.
Sven HASSEL (retraite de Russie 1942...)

Une nouvelle tempête arrivant des profondeurs de la Sibérie nous frappa comme une massue au point de nous jeter au sol. Un ouragan de neige comme on en n'avait encore jamais vu. Le froid était tel que les larmes qui coulaient sur nos visages gelaient instantanément.
Sven HASSEL (retraite de Stalingrad)

il est des témoignages de souffrances humaine dont les images déclenchées dans votre esprit servent de bouée de secours à un moment douloureux ou un autre de détresse endurance, alors on se tait, on encaisse le mal, et on avance en serrant les dents jusqu'au renouveau de l'organisme. B.Th.

Voilà 56 jours que nous marchions et depuis longtemps nous avions franchis toutes les limites qu'impose la civilisation...

Si on ne s'impose pas des horizons exigeants, à quoi bon se fixer des objectifs ?

Pour réussir mon défi, je dois devenir cet animal qui ne réfléchit plus, écraser cette intelligence qui ne mène à rien, trouver le rythme indestructible du souffle de la route et ma réplique cinglante à l'horizon défiant.

2003...

Tu ne dois pas te décevoir ni décevoir les camarades de ton unité.
Frères d'armes - Erwan BERGOT


Ici, l'unité sont les équipiers encadrant sans faille le marcheur devant le camion...

un stratège n'engage toutes ses forces que lorsqu'il qu'il est sûr d'avoir la victoire.

je pense que cela reflète la philosophie du Grand Fond: lâcher ses ultimes forces dans la dernière étape ou passé le dernier poste de contrôle après les avoirs gardées sur le feu mijoter durant des heures et des kilomètres.

Sur le Paris-Colmar, d' Épinal, 420ekm, dernière ville-repos, la dernière étape était inférieure à 100km, " cela sentait l'écurie"...tant rêvée ! mais 100 bornes pour terminer, il fallait donc encore contenir l'euphorie montante qui pointait son museau, les équipiers sur le grill y veillaient. A la sortie de Corcieux, montant vers le col du bonhomme, il restait "seulement" 1 Marathon à parcourir,  les chronos assurés, c'est sur ces pentes qu'une force intérieure impalpable a commencé à m'envahir. C'est là que je me suis senti fort pour ne pas dire indestructible, curieuse sensation d'être sûr de son coup, réussir le truc, arriver à Colmar. A Kaysersberg, c'est là que j'ai tout engagé, traverser la ville plein cadre au milieu de la chaussée pavée, les équipiers qui virevoltant de joie sur les 12 derniers kilomètres et ces 2 motards de l'escorte, inoubliables, qui nous ouvraient la route, gyrophares et coups de sirènes comme pour des gens importants, la totale, la dolce vita, la fiesta, le show colmarien de l'arrivée quoi ! Je suis convaincu qu'il en était ainsi pour chacun des bienheureux arrivants.  

Il est amateur de combats solitaires, de duels insensés. La seule issue est la sortie dans l'exploit. (x...)

C'est un peu le lot de chaque marcheur.B.Th.

La force est dans la connaissance, la maitrise et l'acceptation de l'usure et de ne pas la précipiter.

Sur nos épreuves de marche de grand fond, ceci est très utile à mémoriser et appliquer.

Les hommes accablés par leur charge, allongent péniblement le pas sur la glaise. La cadence est calme, puissante, machinale, régulière; celle des vieux routiers au départ d'une longue étape, ménageant leurs forces.
Pierre MIQUEL - les enfants de la patrie

Ne t’apitoies pas sur ceux qui n'ont pas l'espérance.

Un pur compétiteur à l'esprit de combattant se doit d'assimiler cette maxime, cela fait partie de son endurcissement.

L'esprit a beau choisir d'habiter un univers lointain et inaccessible, le corps lui, renferme des mécanismes implacables.
Frédéric MANNING ( Nous étions des hommes)

Les pratiquants de la marche découvrent cela très rapidement lors des entraînements des préparations des compétitions.

Il pleut sur la route
Dans la nuit j'écoute
Le cœur en déroute
Le bruit de tes pas.
(chanson de Tino Rossi)

il pleut sur la route
dans la nuit j'écoute
le cœur en déroute
le bruit de MES pas...
(témoignage de marcheur)

Nous marchions dans le sillage des guerriers d'autrefois.
Robert Louis STEVENSON

J'ai l'impression de faire partie de cette armée décimée et meurtrie qui combat encore à la tombée du jour mais qui n'intéresse plus personne.
Hélie DE ST MARC

(ressenti personnel et réflexion sur l'état du sport de la marche au début des années 2000)

Il faut vivre comme si l'on ne devait jamais mourir.
VAUVENARGUE.