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 1918-2018 en leurs mémoires (fiction) 6 100km après Verdun

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THANRON Bernard
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MessageSujet: 1918-2018 en leurs mémoires (fiction) 6 100km après Verdun    1918-2018 en leurs mémoires (fiction) 6 100km après Verdun   EmptyMar 29 Mai - 19:17:13

1918-2018 en leurs mémoires (fiction) 6 100km après Verdun   150802

Verdun, lever du jour.
       Les Colombes, nous avons découvert la maison lors des départs de Verdun de l’épreuve de La Voie Sacrée et nous y voici revenus confiants en terrain de connaissance. Nul besoin de bip bip ou buuzzz buzzzzz réveil, la chance de dormir volets et rideaux ouverts permet de s'éveiller avec le jour, un luxe 100% naturel et fatigue de la veille effacée ! Petit-dèj' tartine de miel et confitures locales, fromage blanc salé ou sucré c’est selon le goût de chacun, ça fleure bon le thé chocolat ou café au choix. Nous voici fin prêts pour entamer ces 100km qui nous attendent.
       6 heures à l’horloge de la gare de Verdun, nous sommes réunis pour un nouveau départ. Une voiture arrive, en descendent 3 personnes dont un cameraman et une reporter, nous comprenons, ils sont là pour un article et nous informent qu'il en sera ainsi jusqu'à Strasbourg; depuis la place de la République, l’info à fait son chemin dans les régies qui se sont passées le mot. Nous n’en croyons pas nos esgourdes. Nous sommes donc dans leurs collimateurs depuis le premier soir, une presse intéressée à l'histoire, la culture et au sport suit la petite troupe des marcheurs et leurs accompagnateurs au jour le jour. Interview, tournage, photos, le trio de reporters de Verdun nous souhaite bon courage et à bientôt.
       Le camion diffuse les bagads préférés de Phil', rien de tel pour démarrer. 8km et nous montons sur la Voie Sacrée que nous emprunterons sur 44km pour nous en échapper  vers l’est sur Toul et Nancy, 44km façon Grand Fond le regard 10m devant pas plus et juste quelques coups d’œil sur le paysage pour nous distraire de bitume. Nous ne croiserons pas la noria des convois de camions Latil et Berliet montant matériel et troupiers vers le champ de bataille. Ainsi, distants du front, nous « descendrons » plein sud, vallée de l’Aisne à notre gauche, nos imaginations entendront sans nulle doute le grondement lointain des canons.
Avenue de Paris, avenue de l’Argonne, Regret, nous longeons le vallon de la Scance. Sous la Folie, Maison Rouge, passées, ici les Voies de la Liberté et Sacrée sont mêlées. Chaque année, les 8 mai et 11 novembre, le petit monde des marcheurs routiers s’y retrouve, 44km pour la Liberté, 57km pour la Sacrée, Ste Ménéhould-Verdun pour l'une, Bar-le-Duc Verdun pour l'autre, et chaque année le départ est inversé. Les parcours sont techniques magnifiques, un délice d'y participer ! Les engagés volontaires viennent marcher « pour se souvenir dans l'effort", la jolie devise du Comité de la Voie Sacrée. Au rond-point du 8e km, un immense panneau nous indique 1916 La Voie Sacrée, c'est là que les voies se séparent, à droite la Liberté, à gauche la Sacrée, nous nous y engageons. Moulin Brûlé, voici 4km de faux-plats, puis pentes, puis côtes sous nos pieds pour nous achever. Mais rien ne saurait nous perturber, il suffit de s'y être préparé, de rester en file indienne à 3m les uns des autres concentrés cadencés, un peu de musique envoyée du camion suiveur et le tour est joué.
       La Voie Sacrée, 12e km, nous passons sous la A4, encore quelques hectomètres et nous pourrons nous relever et retrouver nos allures routières. Voie Sacrée, nous pensions « marcher sport » durant un bon temps, mais le contact avec les cimetières reprend de plus belle ; nécropole de Fontaine-Routon 1068,  des Quatre-vents 531, de Landrecourt 1963, Dugny 1971, Dieue 308, Sommedieue 164, Ambly 111, Troyon 150, il y en tant ! là-bas, les côtes de Meuse, Lacroix-sur-Meuse 969. Je sais là-bas derrière l’horizon, Sous Verdun et les Eparges (lire Maurice Genevoix), et cette large laie forestière de la tranchée de la Calonne, où les fantômes d’Alain Fournier son Grand Meaulnes et ses copains flottent depuis le 22 septembre 1914 ; deux jours plus tard, à moins de 7km de là, mon grand-père paternel, du 26e Chasseurs a suffisamment été truffé de la tête aux talons par des shrapnels pour ne plus être en état de revenir au front. Ces deux-là, l’un écrivain, l’autre graveur, étaient du même monde, celui des ouvriers du livre. Un autre, Maurice Genevoix sera blessé de 3 balles aux Éparges le 25 avril 1915, comme Cendras, il perdra l’usage d’une main, la gauche cette fois-ci, il écrira et écrira encore, un bonheur.
       26e km, nous passons sous la ligne lgv de l’est européen Reims-Strasbourg au moment ou un train-bolide passe, l’effet est saisissant ! c’est par-là que les presque 575km.h ont été atteints...nous c'est 8 en pointe...  
       36e km passé Chaumont-sur-Aire, l'ancien Rembercourt-aux-Pots et la Vaux-Marie sont à proximité à droite; en septembre 14, ils s’y sont entre-massacrés, les uns pour envahir, les autres pour les en empêcher.
Ainsi au prix de sacrifices humains sans compter, Bar-le-Duc a été sauvé de l’envahisseur. En face, autant sont tombés.
 " Il fait lourd, une chaleur énervante et malsaine. (...) Par instants, des souffles passent sur nous, effluves tièdes qui charrient une puanteur fade, pénétrante, intolérable. Je m’aperçois que nous respirons dans un charnier.
(...) Nous allons être atteints, piétinés, broyés. Nous sommes soixante à peine; notre ligne s'étire sur un seul rang de profondeur; nous ne pourrons résister à la pression formidable de toutes ces rangées d'hommes qui foncent sur nous comme un troupeau de buffles.
(...) De la 5e compagnie, de la 6e, ne restent que quelques survivants, une quinzaine de la 5e, un peu plus de la 6e. Plus un seul officier. Ils étaient cette nuit en avant de nous. Les ténèbres, la bourrasque, la pluie ont permis aux Boches de tourner leurs tranchées, repérées pendant la journée par les grands oiseaux à croix noires. Ce fut un massacre à l'arme blanche, la dégoûtante besogne d'assassins qui surinent dans le dos.
Ces Boches étaient du 13e corps d'armée, la plupart wurtembergeois. On les avait soûlés d'alcool et d'éther : les prisonniers l'ont avoué. Beaucoup avaient dans leurs sacs des pastilles incendiaires, et plusieurs de mes hommes m'ont affirmé en avoir vu qui prenaient feu soudain de la tête aux pieds, lorsqu'une balle les atteignait, et continuaient à flamber comme des torches."

Maurice Genevoix, " Sous Verdun, août-octobre 1914 "  a combattu sur dans cette campagne. 
       En 3 jours de combats acharnés jours et nuits, ils ont été 10 à 12000 à tomber sur le plateau, les champs, les haies, les routes et chemins, rus et ruisseaux. Rembercourt-Sommaisne, 4 km à tire d’aile, ils sont plus de 5514 dont 4 russes et 3 de la guerre suivante, les allemands sont 4979, tous en terre ou en ossuaires. L'Aire, la Sarthe, l’Aisne, l'Ezrule, tombés par terre le nez dans le ruisseau… écharpés, plombés . Souvenir, Respect, ils l’ont bien mérité.
       Nous marchons, appliquons et tenons nos styles et allures d’endurance acquises dans les années passées, il faut avouer que c’est encore très efficace. A Raival, nous passons le Marathon.
Voici les Erize, la Petite et son horizon de majestueuses éoliennes, la Grande, la Brûlée, il est midi au Petit Rumont,  7.3 de moyenne, régularité régularité ! c’est l’essence de la marche de grand fond. C’est ici que nous abandonnons les bornes chapeautées du casque Adrien de la Voie Sacrée pour  Erize-St Dizier 295e km. Le paysage vallonné oscille entre cultures et forêts. Nous retrouvons nos amies les éoliennes. Nous renouons avec une route plus plate, voire descendante ce que nous apprécions, marcher en roue libre a du bon.   
       Sampigny 315e km,  Mécrin, nous passons la Meuse et son canal, la route avance entre des pentes boisées, tout semble bien aller légers ravitaillements réguliers à la clef.
       Courbe à droite, voici Marbotte 320e km, un panneau bleu « Dunlop » indique tranchée de la soif par la croix st Jean, 3.5km, en face la mairie et son musée 14-18, centre de documentation du Saillant de St Mihiel, association sauvegarde du fort de Liouville, la Grande Guerre ne nous lâche pas, nous l'avons voulu ainsi. Une jolie fontaine abreuvoir attire nos regards et ce panneau glacial face l’église : « Visiteur, qui que tu soit, recueille-toi, dans cette chapelle, des milliers de cadavres, ramenés des lignes, ont, en attendant leur sépulture, reposés sur ces dalles imbibées de leur sang ». Nous ne pouvons faire autrement que de nous y arrêter. Sinistre ? La porte entrouverte, nous ne pouvons nous empêcher d’y pénétrer comme dans un sanctuaire, sans un mot, les sens tendus. L’histoire de l'endroit, ses hauteurs et ses environs, des vitraux représentants les drames, les plaques…«C'est dans cette église que reposaient les cadavres de nos camarades ramenés des lignes attendant que fussent prêtes leurs tombes dans les cimetières avoisinants. Des milliers de cadavres sont venus ici, tour à tour les dalles sont imbibées de leur sang» (adjudant Péricard). « Souvenir d'une messe dans l'église de Marbotte. Je n'avais pas de servant; l'assistance se composait de deux prêtres soldats étendus dans le sanctuaire sous un drap mortuaire et, dans la nef, les cadavres étaient si serrés qu'il m'avait fallu, pour aller au choeur, enjamber les bancs ». abbé Bringer 29 octobre 1914. Les dalles sont sous nos yeux, en l’état, nous prenons le choc de la terrible mémoire du lieu. « disparu, tué, disparu, tombé, à notre fils disparu, à la mémoire de… » 21 22 24 25 ans, nous flottons dans l’univers des 30000 morts du bois d’Ailly et de la forêt d’Aprement. nous n’en pouvons plus. A la sortie du village, la nécropole contient 2652 soldats et 4 russes tombés en face dans les bois et sa tranchée de la soif, une entrée de sape, un entonnoir de mine, ses stèles de mémoire aux copains, ses abris bétonnés, ses postes de tir quasi intacts etc… nous redémarrons vaguement ébranlés. Une ligne droite nous permet de nous requinquer, le bel étang de Ronval, au pied du massif boisé fortifié de Liouville égayent nos pensées plombées.
       Apremont-la-forêt atteinte, nous bifurquons sur Gironville-sous-les-côtes, plus de 8km de ligne droite ! nous flairons la belle récréation, filer. 8 bornes sur un trait de bitume en plein champ les côtes de Meuse à notre côté sans rien d’autre à penser qu’avancer, voilà de quoi nous mettre en joie de relancer les styles grand fond à friser le 8 et plus à l’heure ! 2 souffles 2 respirations en alternance sur près d’une heure, nous renouons avec la marche de grand fond. En file indienne, le meneur emmène le groupe puis cède la place à son suiveur qui prend la tête et ainsi de suite, une véritable équipe de poursuite déboule ainsi sur le bitume. Nos dossards ? ils sont dans nos têtes !
       Le paysage vallonné nous aide à cautériser nos émotions.  Lointains boisés, haies à profusion, vergers tant et plus, tout est sous nos yeux pour nous alléger de l’histoire que nous traversons. Après Boucq, voici Lagney, 350e km, 100km parcourus depuis Verdun, il est 20h passé, malgré le profil tourmenté du parcours, le 7km.h a été maintenu. Nous nous arrêtons là pour la nuit. Nous allons nous requinquer à l’Auberge du Pressoir, l’ancienne gare Toul-Tiaucourt. le filet de merlu rôti à la cacahuète jus anisé, choux fleur quartier, curry brut et vieux parmesan emportera l’unanimité du groupe, quant au desserts… à tomber par terre ! Il faut bien se délasser de notre journée à marcher et s’émotionner en se faisant plaisir !  
        Demain Toul à moins de 20km puis Nancy nous ouvrirons leurs rues et nous terminerons la journée au pied du premier des deux cols à franchir avant l’Alsace.


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Moi, je préfère la marche à pied (Henri Salvador)
J'ai toujours préféré la folie des passions à la sagesse de l'indifférence (Anatole France)
“Impose ta chance, serre ton bonheur et va vers ton risque. A te regarder, ils s’habitueront.” [i]René Char
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Ne crains pas de marcher lentement, crains seulement de t'arrêter.
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